Traduction de 3 réunions sur le sujet : Les derniers pas du Seigneur

Par Rainer Brockhaus

PREMIERE REUNION

Nous avons commencé cette réunion par le chant de ce cantique « Seigneur, quand les cœurs battent pour Toi, Ta riche bénédiction descend sur nous comme la rosée. Aussi, attire-nous à Toi avec puissance ». En effet, chaque fois que nous nous occupons du Seigneur, nous sommes attirés vers Lui. Combien de tels moments font du bien, alors que nous nous tenons si facilement dans les lieux bas de la terre.

Nous voulons considérer pendant ces soirées les derniers pas du Seigneur sur la terre, ces dernières heures où Il a été seul et abandonné de tous. Nous considérerons les moments qu’Il a passé dans le jardin de Gethsémané, Sa prière avec Son Père ; Il était seul, quoique trois de ses disciples étaient dans les environs. Ensuite, nous verrons les heures pendant lesquelles Il a rencontré la méchanceté et la haine des hommes, et pas seulement cela, mais aussi les moments où Il a souffert sur la croix, abandonné de Dieu. Puis, nous parlerons de cet autre jardin où il y avait un tombeau, où Il a été enseveli et est apparu, ressuscité à Marie Magdeleine.

Lisons Jean 18, v.1 à 11 et Marc 14, v.32 à 42.

Jean 18 : 1 Ayant dit ces choses, Jésus s’en alla avec ses disciples au delà du torrent du Cédron, où était un jardin, dans lequel il entra, lui et ses disciples. 2 Et Judas aussi, qui le livrait, connaissait le lieu ; car Jésus s’y était souvent assemblé avec ses disciples. 3 Judas donc, ayant pris la compagnie de soldats, et des huissiers, de la part des principaux sacrificateurs et des pharisiens, vient là, avec des lanternes et des flambeaux et des armes. 4 Jésus donc, sachant toutes les choses qui devaient lui arriver, s’avança et leur dit : Qui cherchez-vous ? 5 Ils lui répondirent : Jésus le Nazaréen. Jésus leur dit : C’est moi. Et Judas aussi qui le livrait était là avec eux. 6 Quand donc il leur dit : C’est moi, ils reculèrent, et tombèrent par terre. 7 Il leur demanda donc de nouveau : Qui cherchez-vous ? Et ils dirent : Jésus le Nazaréen. 8 Jésus répondit : Je vous ai dit que c’est moi ; si donc vous me cherchez, laissez aller ceux-ci, 9 — afin que fût accomplie la parole qu’il avait dite : De ceux que tu m’as donnés, je n’en ai perdu aucun. 10 Simon Pierre donc, ayant une épée, la tira et frappa l’esclave du souverain sacrificateur et lui coupa l’oreille droite ; et le nom de l’esclave était Malchus. 11 Jésus donc dit à Pierre : Remets l’épée dans le fourreau : la coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ?

Marc 14 : 32 Et ils viennent en un lieu dont le nom était Gethsémané. Et il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici, jusqu’à ce que j’aie prié. 33 Et il prend avec lui Pierre et Jacques et Jean ; et il commença à être saisi d’effroi et fort angoissé. 34 Et il leur dit : Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ; demeurez ici et veillez. 35 Et s’en allant un peu plus avant, il se jeta contre terre, et il priait que, s’il était possible, l’heure passât loin de lui. 36 Et il disait : Abba, Père, toutes choses te sont possibles ; fais passer cette coupe loin de moi ; toutefois non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi ! 37 Et il vient, et les trouve dormant ; et il dit à Pierre : Simon, tu dors ? Tu n’as pu veiller une heure ? 38 Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation ; l’esprit est prompt, mais la chair est faible. 39 Et il s’en alla de nouveau, et il pria, disant les mêmes paroles. 40 Et s’en étant retourné, il les trouva de nouveau dormant (car leurs yeux étaient appesantis) ; et ils ne savaient que lui répondre. 41 Et il vient pour la troisième fois et leur dit : Dormez dorénavant et reposez-vous ; il suffit, l’heure est venue ; voici, le fils de l’homme est livré entre les mains des pécheurs. 42 Levez-vous, allons ; voici, celui qui me livre s’est approché.

Les évangiles de Matthieu et Luc rapportent aussi cette scène, nous y ferons certainement allusion pour certains détails.

Quand le Seigneur se rend dans le jardin de Gethsémané, c’était le soir tard. Il s’était réuni avec ses disciples dans la chambre haute pour manger la pâque et avait institué la cène que nous pouvons prendre par grâce le premier jour de la semaine quand nous sommes réunis pour rompre le pain. Comme nous le lisons dans Actes 20, c’était l’habitude de l’apôtre Paul de le faire avec les croyants qu’il visitait. 1 Cor.11 nous dit que le Seigneur, la nuit qu’Il fut livré, prit du pain. C’était une nuit mémorable. Le Seigneur avait dit à ses disciples qu’un d’entre eux le livrerait et étant attristés, ils se demandaient qui c’était, le Seigneur leur répondit : celui à qui il donnerait le morceau. Livrer signifie offrir une occasion aux pharisiens et chefs du peuple de se saisir du Seigneur sans soulèvement du peuple. Auparavant, ils avaient déjà voulu se saisir de Lui, mais personne ne mit les mains sur Lui parce que son heure n’était pas encore venue. Maintenant, Il était prêt à se laisser prendre et lier. Aussitôt après avoir reçu le morceau, Judas sortit, en ayant l’intention de livrer le Seigneur aux pharisiens  et aux chefs du peuple. Jean souligne « or il était nuit » (13,30)

Cela émeut de voir qu’un homme qui avait suivi le Seigneur pendant trois ans et expérimenté tout Son amour en arrive là. Les autres disciples n’ont jamais eu conscience que Judas était autre intérieurement ; chacun aimait le Seigneur à sa manière, Pierre savait en parler particulièrement, mais Judas n’utilise pas l’expression Seigneur. Judas s’en va trouver les chefs du peuple tandis que le Seigneur parle encore aux disciples et leur ouvre son cœur ; nous pouvons lire ces paroles dans Jean 14, 15 et 16. Puis Il leur dit : « levons-nous, partons d’ici » et Il sort de la ville avec eux. Au chapitre 17, les disciples peuvent entendre la prière qu’Il adresse à Son Père, Il répand Son esprit devant Lui ; Son cœur est rempli de la pensée qu’Il va accomplir l’œuvre pour laquelle Il est venu sur la terre, Son obéissance est entière et témoigne de Son amour pour Ses disciples, on voit aussi combien Il nous aime, toi et moi, car Il parle aussi de nous. Tous ceux qui croient sont sauvés, mais ici le Seigneur demande au Père de garder ceux qui croiraient en Lui par la parole des disciples et ainsi, dans cette conversation avec Son Père, le Seigneur a déjà pensé à nous.

Toutes ces pensées occupait Son esprit juste avant de passer le torrent du Cédron (chap.18,v.1). Il fallait descendre dans la vallée, traverser ce torrent et de l’autre côté, il y avait la montagne des Oliviers où se trouvait le jardin de Gethsémané. Il y avait certainement des oliviers aussi dans ce jardin, car Gethsémané signifie le pressoir où l’on pressait les olives pour obtenir de l’huile. Nous reviendrons sur cette signification, car ce nom nous parle de ce qui va se passer dans ce jardin.

A l’entrée du jardin, le Seigneur laisse huit de ses disciples pour prier. Les disciples connaissaient cette habitude du Seigneur. C’est une leçon pour nous : prier dans chaque circonstance, exposer nos besoins à Dieu. Ici, il s’agit d’une circonstance exceptionnelle : le Seigneur voulait apporter au Père ce qu’Il avait sur le cœur. Il prend avec Lui les trois disciples qui L’avaient déjà accompagné sur la montagne de la Transfiguration, où Ses vêtements étaient devenus blancs comme neige, tels qu’aucun foulon ne peut blanchir. Pierre, Jacques et Jean ont le privilège d’entrer avec Lui dans le jardin.

Marc nous dit qu’Il commença à être saisi d’effroi et fort angoissé (chap .14, 33). Chers amis, quand on marche avec quelqu’un d’angoissé, on le remarque et ici, certainement que les disciples ont perçu l’angoisse du Seigneur. Lui, le créateur, celui qui disposait de toutes choses était toujours calme, même devant les oppositions les plus violentes, et les disciples en avaient connu quelques –unes ; ils avaient bien ressenti toute la haine qu’on avait pour le Seigneur, qu’on ne voulait pas de Lui, mais ils étaient restés à Son côté. Thomas, que nous appelons quelques fois l’incrédule, parce que à la résurrection du Seigneur, il avait dit : « à moins que je mette mon doigt dans la marque des clous et ma main dans son côté, je ne croirai pas », lui aussi aimait le Seigneur. Dans Jean 11, il dit : « les juifs voulaient te lapider et tu y vas encore ! » puis il ajoute : « allons-y, nous aussi, afin de mourir avec Lui ». Oui, le Seigneur était toujours resté calme, Il maîtrisait la situation. Il leur avait demandé s’ils avaient manqué de quelque chose et avaient dû répondre « de rien ». Même quand Pierre avait répondu présomptueusement aux collecteurs d’impôts si son maître payait le tribut, Il  y avait pourvu alors que le Seigneur Jésus ne possédait pas d’argent : « va à la mer, jette l’hameçon et le premier poisson que tu prendras, quand tu lui auras ouvert la bouche, tu trouveras un statère ; prends-le et donne-le-leur pour moi et pour toi ». Les disciples avaient vécu toutes ces scènes et maintenant, ils voient ce même Seigneur saisi d’effroi et fort angoissé. Que va-t-il se passer ?

Quelques heures plus tôt dans la chambre haute, ils avaient entendu le Seigneur dire que l’un d’entre eux allait le livrer. Ils en avaient été attristés et avaient posé la question : « est-ce moi ? », mais n’avaient pas vraiment réalisé ce que cela signifiait quand le Seigneur avait répondu que c’était celui à qui Il donnerait le morceau ; quand donc Judas est sorti, les disciples ont pensé qu’il allait acheter quelque chose pour la fête, puisque le Seigneur avait ajouté « ce que tu fais, fais-le promptement ». Judas avait  bien compris que le Seigneur connaissait son intention. Le Seigneur connait tout homme et lit dans les cœurs ; nous ne pouvons que voir certains indices sur le visage.

Maintenant ils voient le Seigneur s’adresser à eux : « mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort, demeurez ici et veillez ». Luc nous dit qu’il s’éloigna d’eux environ d’un jet de pierre, c’est-à-dire qu’il est encore possible d’entendre si l’on parle fort. Marc dit qu’il se jeta contre terre et priait. En ce temps-là, on priait de deux manières ; dans 1 Tim. 2, 8 l’apôtre Paul dit « je veux que les hommes prient en tout lieu élevant des mains saintes », c’était une façon de faire courante à l’époque. Nous, nous prions un peu différemment : nous joignons les mains et prenons une attitude respectueuse devant notre Seigneur. Mais nous connaissons aussi une autre façon, celle que le Seigneur a ici, à genoux. Le Seigneur se jeta contre terre, c’est l’indice d’une profonde supplication pour exprimer l’angoisse de son âme, ce que l’on a sur le cœur et dont on aimerait être libéré.

Puis-je encore faire une petite remarque. Nous devrions toujours suivre cet exemple ; il y a tant de choses dans nos journées dont nous devrions être libérés, j’ai rencontré des contrariétés, vu peut-être des choses mauvaises, car nous vivons dans un monde méchant, je souhaite que chacun ait à la maison un endroit où il peut se retirer et parler avec le Seigneur pour se débarrasser de ce qui pèse sur son cœur. C’est important, c’est l’expression de notre communion avec le Seigneur. Et ainsi Il peut nous accorder la paix du cœur. Nous connaissons tous Phil. 4 « en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâce (tous nos soucis, ce qui nous accable) et la paix de Dieu gardera vos cœurs et vos pensées ». Dieu répond et nous donne de jouir de Sa paix.

A Gethsémané, nous verrons que le Seigneur a aussi reçu une réponse, mais si l’on peut dire , à un niveau plus profond. Le Seigneur s’est adressé à Son Père en disant « Abba, Père ». Marc rapporte l’expression que le Seigneur a utilisée, qui correspond à peu près à notre « cher père », expression d’une relation intime. Quand un fils s’adresse à son père pour lui exposer quelque chose qui lui tient particulièrement à cœur, qui le remue profondément, on le remarque au son de la voix, il fait ainsi appel à cette relation intime et aux sentiments de celui auquel il s’adresse. C’est ce que fait le Seigneur. « Abba, Père, toutes choses te sont possibles, fais passer cette coupe loin de moi ». Le prophète Jérémie nous dit que tout est possible pour Dieu, le Seigneur pouvait le dire parce qu’il était Dieu et comme l’homme Christ Jésus, Il connaissait Dieu et avait toujours communion avec Lui ; tout était possible pour Dieu, mais d’autre part, le Seigneur savait que ce qu’il avait sur le cœur à ce moment-là, que cette coupe passe loin de lui, cela était impossible.

Qu’est-ce qu’une coupe ? C’est une image, dans Jean 18, 11, le Seigneur parle de la coupe que le Père lui a donnée. Nous disons parfois que c’est une coupe des souffrances, le Seigneur savait qu’en buvant cette coupe, Il allait subir toute la colère de Dieu contre le péché. Nous ne pouvons pas comprendre l’horreur que le Seigneur éprouvait devant cette coupe. Pourquoi ? si nous avons cru au Seigneur Jésus, nous sommes convertis, nés de nouveau, devenus une nouvelle création pour parler comme l’apôtre Paul, nous avons reçu une vie nouvelle qui ne pèche pas, mais personne d’entre nous ne peut dire qu’il ne vit que dans cette vie nouvelle, nous avons toujours en nous notre vieille nature, la chair et toujours à nouveau, nous faisons des choses qui ne plaisent pas à Dieu, ce qui nous empêche de réaliser la gravité du péché. Notre perception du péché n’est pas absolue, parfaite, le moi intervient toujours. Chez le Seigneur, il n’en était pas ainsi : tout péché était une offense à Dieu, Il savait donc quelle serait la colère de Dieu, le jugement contre le péché et les péchés.

Mais Il ajoute « non pas ma volonté, mais la tienne » : nous voyons là les deux côtés du cœur du Seigneur. D’une part, la pureté parfaite, Il ne peut supporter d’avoir affaire au péché et d’autre part, Sa soumission absolue à la volonté de Dieu, son identification avec les conseils d’amour que Dieu avait conçus de toute éternité et dont le Fils allait être l’artisan. Ces deux côtés provoquent cette angoisse, car pouvait-il désirer d’être traité comme le péché même, d’être abandonné de Dieu, lui qui était toujours en communion avec Son Père ?

Les évangiles sont très sobres dans la description des sentiments du Seigneur ; nous pouvons en voir quelques aspects dans les Psaumes. Ici, ce n’est pas encore le moment où Il est fait péché, mais Il ressent profondément la douleur dans l’anticipation. Nous aussi, en anticipant une circonstance fâcheuse qui pourrait nous atteindre, nous tremblons déjà à l’avance en imaginant la scène, nous sommes inquiets alors que nous ne savons pas ce qui nous attend, et c’est une bénédiction de ne pas connaître l’avenir, je m’exprime ainsi pour souligner le contraste avec le Seigneur, Lui savait tout à l’avance et a déjà à ce moment-là souffert profondément. Dans Luc 22, 43, il est parlé « d’un ange du ciel lui apparut, le fortifiant. Et étant dans l’angoisse du combat, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang découlant sur la terre.» Nous avons ici la description de l’intensité du combat intérieur où apparait toute l’angoisse de son âme devant les attaques de Satan qui voulait le détourner de son chemin d’obéissance. Matthieu 4 parle des trois tentations du Seigneur au début de son ministère et à la fin, il est dit « alors le diable le laisse pour un temps ». Le Seigneur savait qu’il aurait encore affaire avec le diable, qu’il lui présenterait toute la difficulté d’accomplir l’œuvre devant son âme. Mais il ne pouvait toucher le Seigneur : «… le chef de ce monde vient et il n’a rien en moi » (Jean 14, 30). Chez nous, le diable trouve bien des points d’approche dans notre vieille nature pour nous faire tomber. Chez le Seigneur, il n’en est pas ainsi, son obéissance est immuable.

Devant les attaques de l’Ennemi, Il priait plus instamment, expression de l’intense supplication de son âme. Le Seigneur était un homme comme nous à part le péché, ses forces corporelles sont atteintes, sa sueur devint comme des grumeaux de sang, cela nous montre combien ce combat était inhumain. C’est pourquoi un ange est envoyé pour le fortifier.

Puis il revient vers les disciples, il leur avait demandé de veiller avec lui. Ont-ils veillé, pensé à lui ? Nous n’en savons rien, mais il les trouve dormant. De la vraie compassion, ils étaient incapables d’en éprouver ; le Seigneur le savait, aussi il leur dit « dormez dorénavant et reposez-vous », parole pleine de douceur envers ses disciples qui si souvent n’avaient pas été attentifs, n’avaient pas compris les choses qu’il leur disait.

Il s’en alla de nouveau et pria disant les mêmes paroles ; il supplia encore Son Père de la même manière une deuxième et troisième fois. Les disciples dormaient, le Seigneur était vraiment seul. « J’ai attendu que quelqu’un eut compassion de moi, mais il n’y a eu personne … et des consolateurs, mais je n’en ai pas trouvé » (Psaume 69, 20). Le Seigneur était tout seul à Gethsémané dans ce moment particulièrement éprouvant où il a démontré qui Il était, avec quel amour Il pensait, parlait, agissait. « … l’amour est fort comme la mort, cruel comme le shéol. Beaucoup d’eaux ne peuvent éteindre l’amour et des fleuves ne le submergent pas » (Cant. des Cant. 8, 6). Pensons aussi à ce verset « je suis enfoncé dans une boue profonde et il n’y a pas où prendre pied ; je suis entré dans la profondeur des eaux, et le courant me submerge. » (Ps. 69, 2). Description aussi de ce qui allait l’atteindre plus tard, Il savait tout ce qu’il allait rencontrer, les flots de la colère de Dieu allaient déferler contre lui.

La parole de Dieu est très précise dans les détails aussi « enfoncé dans une boue profonde … » signifie qu’on enfonce toujours plus. Celui qui a déjà vécu cela sait ce que cela signifie. J’ai entendu le récit de quelqu’un qui a été sauvé au dernier moment ; savoir que l’on enfonce toujours plus, qu’il n’est pas possible de prendre pied, que la boue arrive à la bouche et bientôt on ne pourra plus respirer et on disparait dans le marais ! Dieu utilise cette image pour nous faire comprendre quelque chose des souffrances intérieures du Seigneur.

Revenant de sa prière, Il dit à Simon, ils étaient trois, Pierre, Jacques et Jean, mais Il s’adresse à Simon Pierre : « tu n’as pas pu veiller une heure ? » Pourquoi justement Simon ? à cause de son affirmation. Lisons le passage dans Luc 22, 31 « Simon, Simon, voici Satan a demandé à vous avoir pour vous cribler comme le blé. Mais moi, j’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas et toi, quand tu seras revenu fortifie tes frères. Et il lui dit : Seigneur, avec toi je suis prêt à aller en prison et à la mort. Et il dit : Pierre je te dis, le coq ne chantera point aujourd’hui que premièrement tu n’aies nié trois fois de me connaître. »

Simon, tu n’as pu veiller une heure avec moi ? Ne voulais-tu pas aller en prison avec moi ? N’étais-tu pas prêt à mourir pour moi ? Simon se sent concerné dans son cœur, mais ne dit rien.

« Voici, l’heure est venue, levez-vous, allons, voici celui qui me livre s’est approché ». A l’entrée du jardin, une compagnie de soldats  avec Judas à sa tête vient à leur rencontre. Une compagnie chez les Romains comportait plusieurs centaines de personnes ; il y avait aussi les huissiers, les esclaves des principaux sacrificateurs, les capitaines du temple, tous rassemblés avec des bâtons et des épées pour prendre un seul homme qui ne s’était jamais défendu. Le Seigneur leur dit : « êtes-vous sortis comme après un brigand avec des épées et des bâtons ? J’étais tous les jours avec vous  enseignant dans le temple  et vous ne vous êtes pas saisis de moi, mais c’est votre heure et le pouvoir des ténèbres. » Ils montrent maintenant ce qui se trouvait dans leurs cœurs.

Alors Pierre intervient, il pense qu’il doit prouver son attachement à son maître. Pierre avait une épée, pourquoi donc ? Dans son métier de pêcheur, une épée ne lui servait de rien. Déjà auparavant, les disciples avaient dit « voici deux épées ». Que pensaient-ils en faire ? Imaginaient-ils que le sommet de la haine contre le Seigneur était atteint et qu’ils auraient à se défendre ? De toute façon, avoir une épée avec soi était purement charnel. Pierre saisit son épée, frappe Malchus, l’esclave du souverain sacrificateur à la tête et lui emporte l’oreille. Simplement une pensée charnelle  et il aurait pu devenir un meurtrier par amour pour son maître. Plus tard, s’appuyant sur la chair, il entre à la suite de Jean dans la cour du souverain sacrificateur, mais quand la servante vient et affirme qu’il est lui aussi de ces gens-là, sa force l’abandonne et il nie en disant « je ne le connais pas ». Il le renie même avec imprécations !

Dans le jardin de Gethsémané, le Seigneur a été abandonné des siens alors qu’ils étaient à un jet de pierre, dormant quand il s’agissait de veiller et prier avec Lui. A l’entrée du jardin, le Seigneur montre qui Il est, se présentant calmement en disant « qui cherchez-vous ? ». Imaginez la scène : cette foule armée de bâtons et d’épées devant un homme qui les regarde et leur demande qui ils cherchent. Il y a tant de grandeur et de force morale devant cette apparition qu’ils reculent et tombent par terre. « … je suis ce Jésus de Nazareth, ville méprisée, mais aussi le je suis celui qui est de toute éternité, c’est-à-dire Dieu ». Cette déclaration les fait reculer, mais Il ne tente pas de leur échapper, au contraire, Il se livre lui-même. Judas connaissait le lieu, car le Seigneur s’était souvent assemblé avec ses disciples ; Il savait que Judas avait l’intention de le livrer et s’y rend quand même.

Pour la deuxième fois, Il leur demande « qui cherchez-vous ? ». Il leur répond « je vous ai dit que c’est moi, si donc vous me cherchez, laissez aller ceux-ci ». Ils venaient le faire prisonnier, mais c’est lui qui commande dans sa grandeur. Il ne fuit pas, il guérit Malchus, ce qui signifie que ces soldats, venus pour l’arrêter, attendent que le Seigneur ait fait encore un miracle qu’ils constatent, mais dans leurs cœurs, ils avaient déjà décidé qu’ils ne voulaient pas de lui. Il est étonnant que l’intervention de Pierre ne provoque pas de tumulte. Le Seigneur s’adresse encore à Pierre : « la coupe que le Père m’a donnée ne la boirai-je pas ? ». Personne ne peut le détourner de son chemin d’obéissance qu’il suit par amour pour nous, pour tous ceux qui connaissent le Seigneur Jésus comme leur Sauveur, c’est pour cela qu’il était venu  et il se laisse conduire devant ses juges.

Quel Seigneur ! Répétons encore une fois, Il est seul, abandonné de tous : les trois disciples s’étaient endormis lors de ses supplications à Gethsémané, Judas, parti pour le livrer s’approche pour le baiser, Pierre va le renier alors que le Seigneur le lui avait dit à l’avance et tous les autres s’enfuient. Le Seigneur est seul devant ses ennemis, Il se tient dans la cour du souverain sacrificateur et entend les paroles de reniement de Pierre. Mais pas de reproche ; Il regarde son disciple et touche son cœur et sa conscience. Pierre, étant sorti dehors pleura amèrement. On pourrait encore dire bien des choses à ce sujet, mais je préfère considérer la manière dont le Seigneur réagit dans ces scènes, avec quelle gloire morale Il les vit, comment Il se laisse lier et s’avance vers les heures suivantes. C’est un lieu saint où il faut se déchausser pour voir le Seigneur ainsi, endurant de profondes souffrances par amour  pour nous.


 

DEUXIEME REUNION

Hier, nous nous sommes occupés de ce qui s’est passé dans le jardin de Gethsémané où le Seigneur, prosterné présente ses supplications à Dieu, Son Père ; nous nous sommes rappelés qu’Il était complètement seul, abandonné des hommes. Puis, nous avons vu Sa grandeur morale quand Il se tient devant ceux qui, pleins de méchanceté sont venus le prendre avec des bâtons et des épées.

Aujourd’hui, nous voulons considérer les différents interrogatoires, ce que les hommes lui reprochent, comment ils le traitent et enfin leur jugement. Puis dans la deuxième partie, nous nous occuperons des deux fois trois heures de la croix. Quand nous voyons le Seigneur Jésus, mon Sauveur et le tien, avec les yeux de la foi, considérant Ses souffrances, celles qu’Il a subies dans Son amour infini, nous ne pouvons détourner nos regards de Sa personne ; il viendra un moment, peut-être sera-ce aujourd’hui, où nous Le verrons de nos yeux, Lui qui nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous. Nous voulons nous en tenir à la parole de Dieu et lirons des passages que nous connaissons bien et qui parlent à nos cœurs sans avoir besoin de commentaires.

Lectures

Jean 18 : … 12 La compagnie [de soldats] donc, et le chiliarque, et les huissiers des Juifs, se saisirent de Jésus et le lièrent, 13 et l’amenèrent premièrement à Anne ; car il était beau-père de Caïphe, qui était souverain sacrificateur cette année-là.

19 Le souverain sacrificateur donc interrogea Jésus touchant ses disciples et touchant sa doctrine. 20 Jésus lui répondit : Moi, j’ai ouvertement parlé au monde ; j’ai toujours enseigné dans la synagogue, et dans le temple où tous les Juifs s’assemblent, et je n’ai rien dit en secret. 21 Pourquoi m’interroges-tu ? Interroge sur ce que je leur ai dit ceux qui m’ont entendu ; voilà, ils savent, eux, ce que moi j’ai dit. 22 Or comme il disait ces choses, un des huissiers qui se tenait là donna un soufflet à Jésus, disant : Réponds-tu ainsi au souverain sacrificateur ? 23 Jésus lui répondit : Si j’ai mal parlé, rends témoignage du mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? 24 Anne donc l’avait envoyé lié à Caïphe, le souverain sacrificateur.

Matthieu 26 : …  57 Et ceux qui s’étaient saisis de Jésus l’amenèrent à Caïphe le souverain sacrificateur, où les scribes et les anciens étaient assemblés. 58 Et Pierre le suivait de loin, jusqu’au palais du souverain sacrificateur ; et étant entré, il s’assit avec les huissiers pour voir la fin.

59 Or les principaux sacrificateurs et les anciens et tout le sanhédrin cherchaient [quelque] faux témoignage contre Jésus, de manière à le faire mourir ; 60 et ils n’en trouvèrent point, — bien que plusieurs faux témoins fussent venus. Mais, à la fin, deux faux témoins vinrent, 61 et dirent : Celui-ci a dit : Je puis détruire le temple de Dieu, et en trois jours le bâtir. 62 Et le souverain sacrificateur, se levant, lui dit : Ne réponds-tu rien ? De quoi ceux-ci témoignent-ils contre toi ? 63 Mais Jésus garda le silence. Et le souverain sacrificateur, répondant, lui dit : Je t’adjure, par le Dieu vivant, que tu nous dises si toi, tu es le Christ, le Fils de Dieu. 64 Jésus lui dit : Tu l’as dit. De plus, je vous dis : dorénavant vous verrez le fils de l’homme assis à la droite de la puissance, et venant sur les nuées du ciel. 65 Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements, disant : Il a blasphémé ; qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Voici, vous avez ouï maintenant [son] blasphème : 66 que vous en semble ? Et répondant, ils dirent : Il mérite la mort.  67 Alors ils lui crachèrent au visage et lui donnèrent des soufflets ; et quelques-uns le frappèrent, 68 disant : Prophétise-nous, Christ ; qui est celui qui t’a frappé ?

Matthieu 27 : 1 Or, quand le matin fut venu, tous les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire mourir. 2 Et l’ayant lié, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Ponce Pilate, le gouverneur.

11 Or Jésus se tenait devant le gouverneur ; et le gouverneur l’interrogea, disant : Es-tu, toi, le roi des Juifs ? Et Jésus lui dit : Tu le dis. 12 Et étant accusé par les principaux sacrificateurs et les anciens, il ne répondit rien. 13 Alors Pilate lui dit : N’entends-tu pas de combien de choses ils portent témoignage contre toi ? 14 Et il ne lui répondit pas même un seul mot ; en sorte que le gouverneur s’en étonnait fort.

Jean 18 : 28 Ils mènent donc Jésus de chez Caïphe au prétoire (or c’était le matin) ; et eux-mêmes, ils n’entrèrent pas au prétoire, afin qu’ils ne fussent pas souillés ; mais qu’ils pussent manger la pâque. 29 Pilate donc sortit vers eux, et dit : Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? 30 Ils répondirent et lui dirent : Si cet homme n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’eussions pas livré. 31 Pilate donc leur dit : Prenez-le, vous, et jugez-le selon votre loi. Les Juifs donc lui dirent : Il ne nous est pas permis de faire mourir personne ; 32 afin que fût accomplie la parole que Jésus avait dite, indiquant de quelle mort il devait mourir.

33 Pilate donc entra encore dans le prétoire, et appela Jésus, et lui dit : Toi, tu es le roi des Juifs ? 34 Jésus lui répondit : Dis-tu ceci de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? 35 Pilate répondit : Suis-je Juif, moi ? Ta nation et les principaux sacrificateurs t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ? 36 Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu, afin que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est pas d’ici. 37 Pilate donc lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis que moi je suis roi. Moi, je suis né pour ceci, et c’est pour ceci que je suis venu dans le monde, afin de rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité, écoute ma voix. 38 Pilate lui dit : Qu’est-ce que la vérité ? Et ayant dit cela, il sortit encore vers les Juifs ; et il leur dit : Moi, je ne trouve aucun crime en lui ; 39 mais vous avez une coutume, que je vous relâche quelqu’un à la Pâque ; voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? 40 Ils s’écrièrent donc tous encore, disant : Non pas celui-ci, mais Barabbas. Or Barabbas était un brigand.

Ce récit nous est bien connu ; nous avons une suite d’interrogatoires, imaginons la scène : le Seigneur, le Fils de Dieu, l’homme parfait est interrogé pour apprendre ce qu’il a fait. Le Seigneur leur répond d’ailleurs qu’il a parlé publiquement, rien dans sa vie n’a été fait en secret. C’est bien différent chez nous : si nous nous tenions devant un tribunal qui connait tout, qui voit au plus profond de notre cœur et Dieu peut nous poser des questions qui vont jusqu’au fond des choses, personne d’entre nous ne serait complètement innocent, nous devrons tous avouer un mensonge, une mauvaise pensée, un acte peut-être… tandis que le Seigneur était tout à fait ouvert, transparent, il n’avait rien à cacher. Avec ses disciples, il répondait pour leur donner un enseignement correspondant à leurs questions, mais il allait aussi plus loin, car il connaissait ce qu’il y avait dans leurs cœurs.

Le premier interrogatoire se déroule devant Anne, le beau-père de Caïphe qui était cette année-là le souverain sacrificateur. Ce n’était pas ce que nous voyons dans l’ancien testament : le souverain sacrificateur remplissait son office jusqu’à sa mort ; par exemple, Eléazar, fils d’Aaron l’est devenu à la mort de son père. Ce que nous avons ici n’est donc pas selon les pensées de Dieu. Les souverains sacrificateurs provenaient de la secte des Sadducéens et s’intéressaient à la politique, ils étaient institués par les Romains, il n’est pas certain qu’ils descendaient d’Aaron, mais ils exerçaient cette fonction.  Anne était très probablement un homme que les juifs ne pouvaient pas contourner ;  il avait une certaine importance tout en n’étant plus souverain sacrificateur et était  le beau-père de Caïphe, le souverain sacrificateur actuel.  Ceci aussi était anormal, Caïphe n’était pas le fils mais le beau-fils ! De toute façon, le Seigneur est conduit d’abord chez Anne où a lieu un premier interrogatoire, mais Anne ne sait pas exactement quoi dire, il espère en posant des questions, trouver un motif d’accusation ; en général, ceux qui comparaissent devant un tribunal peuvent à un moment donné se trahir et déclarer quelque chose qui permet de les inculper.

Comme on ne trouve pas de sujet d’accusation, le Seigneur est conduit chez Caïphe qui avait convoqué le sanhédrin : les principaux du peuple avaient déjà décidé ce qu’ils allaient faire et tout cela a lieu pendant la nuit, ce qui n’était pas permis. Je n’ai pas l’intention de souligner toutes les infractions à la loi, mais ils se présentent comme voulant sauvegarder l’honneur du temple et la gloire de Dieu tout en agissant en totale contradiction avec la loi. Et devant eux se tient l’homme parfait contre qui ils ne peuvent trouver la moindre accusation. Or ils l’avaient fait prendre dans l’intention de le faire mourir et devaient avoir un motif d’accusation. Et lui se tient devant eux dans la dignité de quelqu’un à qui on ne peut rien reprocher. Il se tait quand il s’agit de se justifier. Bien aimés, ce n’est pas ainsi que nous agissons, je le répète pour souligner combien Il est au-dessus de nous ; qui d’entre nous ne se serait pas défendu en disant « ce n’est pas vrai ». Mais quand il s’agit de témoigner clairement de Dieu et que le souverain sacrificateur l’adjure de répondre à la question s’il est le Fils de Dieu, il dit : « tu le dis » c’est-à-dire c’est la vérité. Mais il ne répond pas pour se défendre à cette accusation des faux témoins qu’il pouvait détruire le temple et le rebâtir en trois jours. Dans l’évangile de Marc, c’est formulé un peu différemment : « je détruirai ce temple qui est fait de main et en trois jours j’en bâtirai un autre qui n’est pas fait de main ». Ces témoignages ne concordaient pas, or selon les pensées de Dieu, il fallait deux témoins pour établir une chose.

Ainsi donc, ils ne trouvent rien contre lui, mais pour le condamner à mort, ils  l’accusent d’avoir parlé contre le temple et affirmé qu’il était le fils de Dieu, le Christ. Au fond, beaucoup parmi le peuple et les anciens et principaux le savaient, mais ne voulaient pas d’un tel Messie et ils prennent cela comme raison pour le condamner à mort. Mais il ne leur était pas permis de faire mourir quelqu'un ; aussi, il faut qu'ils trouvent un motif valable devant Pilate qui ne comprendrait pas leurs arguments religieux.

Suivent trois interrogatoires devant les Romains : d'abord devant Pilate, puis le Seigneur est envoyé à Hérode et un deuxième interrogatoire devant Pilate. Trois fois, le Seigneur comparaît devant les Juifs et trois fois devant les nations. Que reproche-t-on au Seigneur ? Argument politique, il soulève les foules ! C'était un argument qui ne pouvait laisser indifférent ce gouverneur romain, il devait réagir si l'on incitait la foule à la révolte et quand on lit l'histoire du peuple juif entre la période du prophète Malachie et les évangiles, on voit qu'il s'était constamment révolté contre les Romains. Pilate en avait connaissance. Dans Actes 5, Gamaliel, un docteur de la loi fait allusion à plusieurs meneurs de soulèvements qui ont péri et ceux qui les suivaient ont été dispersés ; si l'oeuvre n'est pas de Dieu, elle disparaîtra. Traiter le Seigneur d'incitateur à la révolte ! Il fallait que Pilate prononce la condamnation, car eux n'avaient pas le droit de faire mourir. Aussi, ils invoquent un autre argument : il empêche de payer le tribut à César. Jamais le Seigneur Jésus n'avait dit cela. Au contraire, quand il leur avait demandé de qui était l'image sur la pièce de monnaie, il leur avait répondu : « rendez à César ce qui appartient à César » et les avait incités à rendre à Dieu ce qui Lui revenait. Mais rien n'était à rejeter pour faire condamner à mort le Seigneur Jésus.

Nous venons de lire tout ce qu'ils avaient déjà fait subir au Seigneur : le soufflet donné par le huissier, alors qu'on ne frappe pas quelqu'un qui comparaît (le Seigneur leur dit simplement que c'est injuste), on lui crache au visage, lui couvre les yeux et lui demande de prophétiser qui l'a frappé, l'appelant Christ par dérision, tous se moquent de lui. Puis, ils l'amènent à Pilate qui sort vers eux, les Juifs ne voulaient pas se souiller, car c'était la préparation de la Pâque. Pilate voit devant lui une foule furieuse et au milieu un homme qui se tient là, calme. Il leur demande donc quelle accusation ils portent contre lui. Leur réponse est insolente : « nous ne te l'aurions pas livré si cet homme n'était un malfaiteur ». Le gouverneur, qui connaissait les Juifs, ne se laisse pas impressionner et veut en savoir davantage, mais nous remarquons que lui aussi, ne sait que faire. Il leur propose qu'ils le jugent selon leur loi. Alors, ils se trahissent en disant qu'il ne leur est pas permis de faire mourir personne, ils veulent donc sa mort et pas un quelconque jugement ! Pilate se lave les mains et affirme qu'il ne trouve aucun crime en lui.

Lecture de Jean chap. 18 v. 39 à chap. 19 v. 18

Chapitre 18 : 39 … voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? 40 Ils s’écrièrent donc tous encore, disant : Non pas celui-ci, mais Barabbas. Or Barabbas était un brigand.

Chapitre 19 : 1 Alors donc Pilate prit Jésus et le fit fouetter. 2 Et les soldats, ayant tressé une couronne d’épines, la mirent sur sa tête, et le vêtirent d’un vêtement de pourpre, 3 et vinrent à lui et dirent : Salut, roi des Juifs ! Et ils lui donnaient des soufflets. 4 Et Pilate sortit encore et leur dit : Voici, je vous l’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime. 5 Jésus donc sortit dehors, portant la couronne d’épines et le vêtement de pourpre. Et il leur dit : Voici l’homme ! 6 Quand donc les principaux sacrificateurs et les huissiers le virent, ils s’écrièrent, disant : Crucifie, crucifie-le ! Pilate leur dit : Prenez-le, vous, et le crucifiez ; car moi, je ne trouve pas de crime en lui. 7 Les Juifs lui répondirent : Nous avons une loi, et selon notre loi il doit mourir, car il s’est fait Fils de Dieu.

8 Quand donc Pilate entendit cette parole, il craignit davantage, 9 et il entra de nouveau dans le prétoire, et dit à Jésus : D’où es-tu ? Et Jésus ne lui donna pas de réponse. 10 Pilate donc lui dit : Ne me parles-tu pas ? Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te relâcher, et que j’ai le pouvoir de te crucifier ? 11 Jésus répondit : Tu n’aurais aucun pouvoir contre moi, s’il ne t’était donné d’en haut ; c’est pourquoi celui qui m’a livré à toi a plus de péché. 12 Dès lors Pilate cherchait à le relâcher ; mais les Juifs criaient, disant : Si tu relâches celui-ci, tu n’es pas ami de César ; quiconque se fait roi, s’oppose à César. 13 Pilate donc, ayant entendu ces paroles, amena Jésus dehors, et s’assit sur le tribunal, dans le lieu appelé le Pavé, et en hébreu Gabbatha ; 14 (or c’était la Préparation de la Pâque, c’était environ la sixième heure ;) et il dit aux Juifs : Voici votre roi ! 15 Mais ils crièrent : Ôte, ôte ! crucifie-le ! Pilate leur dit : Crucifierai-je votre roi ? Les principaux sacrificateurs répondirent : Nous n’avons pas d’autre roi que César. 16 Alors donc il le leur livra pour être crucifié ; et ils prirent Jésus, et l’emmenèrent.

17 Et il sortit portant sa croix, [et s’en alla] au lieu appelé [lieu] du crâne, qui est appelé en hébreu Golgotha, 18 où ils le crucifièrent, …

C'est donc le deuxième interrogatoire devant Pilate, après l'avoir envoyé à Hérode qui s'était moqué du Seigneur Jésus, l'avait revêtu d'un vêtement de pourpre. Les Juifs demandent à Pilate de leur relâcher Barabbas, un de ceux qui avaient soulevé la foule et avait commis un meurtre. Ils avaient accusé le Seigneur de soulever la foule mais demandent de relâcher ce meurtrier !

Suit alors toute l'injustice: Pilate fait fouetter le Seigneur Jésus. On fouettait avant de crucifier et en cela, Pilate montre son intention. Ce traitement était terrible ; le psaume 129 en parle « des laboureurs ont labouré mon dos, ils y ont tracé leurs longs sillons ». La parole de Dieu est toujours très sobre dans son expression ; ici, Jean nous dit simplement : « il le fit fouetter ».

Pilate donc le fait encore sortir et le livre aux soldats qui se moquent de lui. C'est le roi des juifs ! Un roi doit avoir une couronne ; ils lui tressent une couronne d'épines, la lui mettent sur la tête et un roseau dans la main en guise de sceptre et le frappent. Comment le Seigneur a-t-il ressenti toutes ces choses ? Comme cela l'a blessé ! Je ne veux pas parler ici des souffrances corporelles, elles sont inimaginables mais intérieurement comme ce jeu ironique fait mal dans le coeur ! Ensuite, il est encore présenté à la foule « voici l'homme! ». Peut-être que Pilate pense que les Juifs vont enfin avoir pitié, mais il n'a pas compté avec leur haine ; quand ils le voient, ils s'écrient « Ote, ôte-le ! » ? Ils expriment ce qu'ils voulaient, sans avoir la moindre raison, le moindre argument. Alors Pilate leur demande en se moquant d'eux « crucifierai-je votre roi ? ». D'un tel roi, ils n'en voulaient pas !

Pilate ne peut comprendre leur assertion « selon notre loi il doit mourir, car il s'est fait Fils de Dieu ». Alors il interroge de nouveau le Seigneur et cette conversation le rend totalement  responsable ; tout ce que le Seigneur lui dit n'a aucun effet sur sa conscience. De plus, sa femme lui fait savoir de ne rien avoir à faire avec ce juste, elle avait souffert la nuit dans un rêve. Mais tout cela le laisse froid ; il se lave les mains pour prouver son innocence.

« Si tu relâches celui-ci, tu n'es pas ami de César », ce titre qu'il avait et ne souhaitait pas perdre, il fallait qu'il s'en montre digne ! Pilate donc leur livre Jésus. Comme cela fait mal de voir comment le Seigneur est traité avec mépris, qu'on le rejette.

Après ces interrogatoires, nous arrivons à la deuxième partie : le Seigneur est cloué sur la croix. A ce propos, j'aimerais lire au Psaume 22 les versets 6 à 15 :

Psaume 22 :

6    Mais moi, je suis un ver, et non point un homme ; l’opprobre des hommes, et le méprisé du peuple.

7    Tous ceux qui me voient se moquent de moi ; ils ouvrent la bouche, ils hochent la tête :

8    Il se confie à l’Éternel : qu’il le fasse échapper, qu’il le délivre, car il prend son plaisir en lui !

9    Mais c’est toi qui m’as tiré du sein [qui m’a porté] ; tu m’as donné confiance sur les mamelles de ma mère.

10 C’est à toi que je fus remis dès la matrice ; tu es mon *Dieu dès le ventre de ma mère.

11 Ne te tiens pas loin de moi, car la détresse est proche, car il n’y a personne qui secoure.

12 Beaucoup de taureaux m’ont environné, des puissants de Basan m’ont entouré ;

13 Ils ouvrent leur gueule contre moi, comme un lion déchirant et rugissant.

14 Je suis répandu comme de l’eau, et tous mes os se déjoignent ; mon cœur est comme de la cire, il est fondu au dedans de mes entrailles.

15 Ma vigueur est desséchée comme un têt, et ma langue est attachée à mon palais ; et tu m’as mis dans la poussière de la mort.

Les premiers versets jusqu’au verset 13 décrivent les trois heures de la croix pendant lesquelles ceux qui passent par là se moquent et l’insultent. Comment le Seigneur a-t-il ressenti tout cela ? « Je suis un ver et non point un homme », c’est-à-dire ils ne me traitent pas comme un homme, méprisé de tous, les nations, les soldats, le peuple juif, il était méprisé alors qu’il était leur Messie. « Tous ceux qui me voient se moquent de moi, ils ouvrent la gueule contre moi. Il se confie en l’Eternel, qu’il le fasse échapper, qu’il le délivre, car il prend son plaisir en lui ! ». Les principaux sacrificateurs et les scribes n’ont probablement pas remarqué qu’on disait ce qui était annoncé dans les Psaumes. Ils expriment leur mépris comme annoncé dans la prophétie. Toute la dignité du Seigneur est trainée dans la boue. Ils crient qu’il descende de la croix, puisqu’il est le roi des juifs. Un roi sur la croix, couronné d’épines ! Ils se moquent de ce titre, lui qui l’était, l’est et le sera dans le futur, car Dieu le lui attribuera officiellement : le Messie, le roi d’Israël. Descends, si tu es Fils de Dieu ! Il  était Fils de Dieu et ils tournent cela en dérision mais ne savent pas que par grâce il ne voulait pas descendre de la croix, car il était venu pour accomplir l’œuvre de la réconciliation, il voulait mourir et prendre sur lui notre culpabilité. Il se confie en l’Eternel,  qu’il le délivre ! Ils se moquent de sa confiance en Dieu. Et qui a pu se confier en Lui comme le Seigneur ? « … c’est à toi que je fus remis dès la matrice, tu m’as donné confiance sur les mamelles de ma mère ». Dès les premiers instants de sa vie, il avait mis sa confiance en Dieu. Pensons comment Hérode avait commandé le massacre des enfants à Bethléhem pour atteindre le Seigneur, mais Dieu l’avait protégé en envoyant Joseph, Marie et le petit enfant en Egypte. « … tu es mon Dieu dès le ventre de ma mère ». Qui pouvait dire cela en vérité si ce n’est lui ! C’est la chose la plus merveilleuse que d’avoir confiance en Dieu, aller notre chemin en nous confiant en Lui et être ainsi imitateur de notre Seigneur. Lui a été en but à la moquerie à cause de cela. « … il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même ». Comprenons-nous comme cela va loin ? Se moquer de tout le bien qu’il avait fait aux malades, aveugles paralytiques, la résurrection de la fille de Jairus, du fils de la veuve de Nain, de Lazare…Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même ! Pouvons-nous comprendre ce que le Seigneur a ressenti en ces moments ? Il a prononcé 7 paroles sur la croix, la première « Père, pardonne leur, ils ne savent ce qu’ils font » Quel Seigneur ! quel amour pour son Dieu et pour ceux qu’il est venu sauver ! Je répète, toute la dignité que le Seigneur avait en tant qu’homme est trainée dans la poussière, il est l’objet du mépris  et de la haine.

Puis, les ténèbres couvrent tout le pays, Dieu l’avait d’ailleurs annoncé par les prophètes. Il ne reste au pied de la croix que trois personnes qui aiment le Seigneur.

Il y eut des ténèbres sur tout le pays, le Seigneur est vraiment seul. Les versets 14 et 15 du Psaume 22 décrivent la profonde douleur d’un homme suspendu sur la croix. Il supplie : « … Et toi, Eternel ! ne te tiens pas loin ; ma Force ! hâte-toi de me secourir. Délivre mon âme de l’épée, mon unique de la patte du chien. Sauve-moi de la gueule du lion. … » (v. 19 à 21)  Nous savons que le lion est une image de Satan qui voulait l’anéantir. Et nous pouvons ajouter le premier verset du Psaume : « Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? » Il avait supplié de ne pas l’abandonner et voilà que les ténèbres couvrent tout le pays et le Seigneur est abandonné de Dieu. Nous le disons souvent, dans des cantiques aussi ; comme enfant, j’ai entendu cela très souvent, mais je dois avouer que je n’ai jamais bien réalisé ce que cela signifiait. Nous ne pouvons pas sonder ce que signifie être abandonné de Dieu, sans aucun secours. Aucun homme n’est dans ce cas, nous connaissons notre Dieu, à qui crions-nous dans la détresse si ce n’est à Lui et nous savons qu’Il nous écoute. Mais ici, l’homme qui a toujours été obéissant, a toujours fait les choses qui plaisait à Dieu, Lui est abandonné de Dieu. Et pourquoi ? à cause de nous, de nos péchés. Pendant ces trois heures de ténèbres, Il a pris sur lui notre faute, il a expié tous nos péchés, nous ne pouvons pas imaginer ce que cela signifie de recevoir la condamnation de Dieu à notre place. Il a porté le jugement des péchés et aussi du péché, ce principe du mal d’où proviennent les péchés, les actes que nous avons commis.

Le péché est entré dans le monde par l’homme. La rébellion d’Adam et d’Eve a introduit le principe du mal dans le monde, le Dieu saint et juste a été offensé par le péché. Cela aussi, Dieu l’a jugé et condamné dans la personne du Seigneur. Je le répète, c’est trop profond pour que nous soyons capables de le comprendre. Un cantique exprime cette pensée : « ton regard infini sonda l’immense abîme ». N’en disons pas plus, cela touche nos cœurs profondément.

Le Seigneur est mort sur la croix, Il a donné sa vie, personne ne pouvait la lui ôter, Il n’est pas mort de faiblesse. Dans l’évangile de Marc, il est dit : « il poussa un grand cri et expira » et dans Luc : « Jésus, criant à haute voix, dit : Père ! entre tes mains je remets mon esprit. Et ayant dit cela, il expira. », c’est-à-dire qu’il est mort volontairement. Pendant ces heures de ténèbres, Dieu l’a puni à notre place, Lui a donné lui-même sa vie volontairement. « … à cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, j’ai le pouvoir de la laisser » (Jean 10, 17)

Nous venons de parler du péché et de ce que le Seigneur a supporté. Il y a deux côtés que nous retrouvons dans l’ancien testament : le sacrifice pour le péché et le sacrifice pour le délit. « … c’est ici la loi du sacrifice pour le péché : au lieu où l’holocauste sera égorgé, le sacrifice pour le péché sera égorgé devant l’Eternel, c’est une chose très sainte » (Lévitique 6, 18) et Lévitique 7, 1 : « c’est ici la loi du sacrifice pour le délit : c’est une chose très sainte, au lieu où l’on égorge l’holocauste, on égorgera le sacrifice pour le délit ». Le dévouement du Seigneur pour son Père, sa complète obéissance aux conseils de Dieu, nous les retrouvons ici. Toute sa vie, Il a montré qu’il qu’Il faisait toujours les choses qui Lui plaisaient, Il s’est anéanti lui-même et a été obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix (Phil.2) A ce moment, Il était l’holocauste qui brûlait entièrement pour Dieu. Dans ces divers sacrifices, nous avons une image de ce qui s’est passé à la croix : d’un côté, le Seigneur a été jugé pour les péchés et de l’autre, Il montrait son dévouement absolu à son Père. « le chef de ce monde vient et il n’a rien en moi, mais afin que le monde connaisse que j’aime le Père, et selon que le Père m’a commandé, ainsi je fais » (Jean 14,30). Il a prouvé son amour pour le Père par son dévouement jusqu’à la mort et en même temps, Il a accompli l’œuvre de l’expiation, lui qui était absolument sans péché. Il a posé la base : quiconque vient à Dieu en confessant ses péchés est sauvé. « … il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même » ? Non, Il s’est offert lui-même pour que d’autres soient sauvés, aujourd’hui encore. Le Seigneur n’est-Il pas digne de notre amour ?

 


 

TROISIEME REUNION

Chers frères et sœurs, nous nous sommes occupés ces deux derniers soirs des dernières heures de celui qui est descendu du ciel, son abaissement jusqu’à la mort, nous avons considéré les profondes douleurs qu’Il a connues. C’est ainsi que s’est terminée sa vie sur cette terre. Cela nous émeut de penser que son chemin ne s’est pas terminé, vu de l’extérieur, par un triomphe, mais par la mort de la croix. Oui, c’est ce qu’a subi notre Sauveur. Pendant ces trois heures de ténèbres que Dieu n’a permis à aucun homme de regarder, la question de nos péchés a été réglée entre le Dieu Saint et l’homme Christ Jésus, lui, absolument pur chargé de nos fautes. Le jugement n’est pas tombé sur nous, mais a atteint le Seigneur Jésus. « Il a fait tomber sur lui l’iniquité de nous tous », dit Esaïe. Nous ne pouvons sonder ce que cela a été pour le Seigneur.

Aujourd’hui, j’aimerais commencer par la fin de cette journée puis considérer le premier jour de la semaine, le jour de la victoire, de la résurrection.

Lisons Jean 19, v.31 à 34  v.38 à 42   puis Jean 20, v.1 à 18

Jean 19 : 31 Les Juifs donc, afin que les corps ne demeurassent pas sur la croix en un jour de sabbat, puisque c’était la Préparation (car le jour de ce sabbat-là était grand), firent à Pilate la demande qu’on leur rompît les jambes, et qu’on les ôtât. 32 Les soldats donc vinrent et rompirent les jambes du premier, et de l’autre qui était crucifié avec lui. 33 Mais étant venus à Jésus, comme ils virent qu’il était déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes ; 34 mais l’un des soldats lui perça le côté avec une lance ; et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau.

38 Or, après ces choses, Joseph d’Arimathée, qui était disciple de Jésus, en secret toutefois par crainte des Juifs, fit à Pilate la demande d’ôter le corps de Jésus ; et Pilate le permit. Il vint donc et ôta le corps de Jésus. 39 Et Nicodème aussi, celui qui au commencement était allé de nuit à Jésus, vint, apportant une mixtion de myrrhe et d’aloès, d’environ cent livres. 40 Ils prirent donc le corps de Jésus, et l’enveloppèrent de linges, avec les aromates, comme les Juifs ont coutume d’ensevelir. 41 Or il y avait, au lieu où il avait été crucifié, un jardin, et dans le jardin un sépulcre neuf, dans lequel personne n’avait jamais été mis. 42 Ils mirent donc Jésus là, à cause de la Préparation des Juifs, parce que le sépulcre était proche.

Jean 20 : 1 Et le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vint le matin au sépulcre, comme il faisait encore nuit ; et elle voit la pierre ôtée du sépulcre. 2 Elle court donc, et vient vers Simon Pierre et vers l’autre disciple que Jésus aimait, et elle leur dit : On a enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où on l’a mis. 3 Pierre donc sortit, et l’autre disciple, et ils s’en allèrent au sépulcre. 4 Et ils couraient les deux ensemble ; et l’autre disciple courut en avant plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre ; 5 et s’étant baissé, il voit les linges à terre ; cependant il n’entra pas. 6 Simon Pierre donc, qui le suivait, arrive ; et il entra dans le sépulcre ; et il voit les linges à terre, 7 et le suaire qui avait été sur sa tête, lequel n’était pas avec les linges, mais plié en un lieu à part. 8 Alors donc l’autre disciple aussi, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra, et il vit, et crut ; 9 car ils ne connaissaient pas encore l’écriture, qu’il devait ressusciter d’entre les morts. 10 Les disciples s’en retournèrent donc chez eux.

11 Mais Marie se tenait près du sépulcre, dehors, et pleurait. Comme elle pleurait donc, elle se baissa dans le sépulcre ; 12 et elle voit deux anges vêtus de blanc, assis, un à la tête et un aux pieds, là où le corps de Jésus avait été couché. 13 Et ils lui disent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur dit : Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis. 14 Ayant dit cela, elle se tourna en arrière, et elle voit Jésus qui était là ; et elle ne savait pas que ce fût Jésus. 15 Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit : Seigneur, si toi tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi je l’ôterai. 16 Jésus lui dit : Marie ! Elle, s’étant retournée, lui dit en hébreu : Rabboni (ce qui veut dire, maître). 17 Jésus lui dit : Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père ; mais va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu. 18 Marie de Magdala vient rapporter aux disciples qu’elle a vu le Seigneur, et qu’il lui a dit ces choses.

Le Seigneur Jésus a remis son esprit entre les mains de son Père ; il est réellement mort, nous venons de lire qu’il a été déposé dans un tombeau, son âme est allée dans le paradis. Nous connaissons les paroles du Seigneur au brigand qui a cru en Lui, a reconnu que le Seigneur n’avait rien fait qui ne se dû faire, il reconnait en lui le Messie. Le Seigneur voit donc peu avant de mourir un homme sauvé de la mort éternelle par la foi. Il lui dit : « aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis »

Le Paradis, c’est l’endroit où l’âme qui a cru au Seigneur se trouve. Les âmes de ceux qui nous ont précédés et qui ont cru se trouvent toutes dans le Paradis. Et l’esprit ? Le Seigneur a remis son esprit entre les mains de Son Père, c’est-à-dire son esprit est auprès de Dieu, il avait ce pouvoir, car il a donné sa vie. Nous, les hommes  ne le pouvons pas. Néanmoins, quand un croyant déloge, son corps est enterré, son âme va au Paradis et son esprit retourne à Dieu, Dieu l’a à Sa disposition si on peut s’exprimer ainsi. A la première résurrection, quand le Seigneur viendra, lui, les prémices de ceux qui sont endormis, les croyants décédés connaitront la puissance de la résurrection, ils recevront un nouveau corps (celui qui a été mis en terre en est la semence nous dit 1 Cor. 15) qui sera réuni à l’âme et à l’esprit, c’est un corps spirituel approprié au ciel, à la maison du Père. Et les morts incrédules ? Pour leur corps, pas de différence, il est aussi enterré, mais l’âme de celui qui est mort dans ses péchés va dans le Hadès, c’est ainsi que la Parole désigne l’endroit où vont les âmes des inconvertis et leur esprit retourne aussi à Dieu. Cela ne signifie pas que tout est en ordre pour eux, mais Dieu a leur esprit entre ses mains et ils paraîtront corps, âme et esprit réunis devant le grand trône blanc pour y être jugés et condamnés éternellement.

Les juifs demandent donc que les corps soient descendus de la croix et Dieu permet une dernière intervention de l’homme sur le Seigneur, un soldat lui perce le côté avec une lance et il en sort du sang et de l’eau. « … celui qui l’a vu rend témoignage et son témoignage est véritable ; lui sait qu’il dit vrai, afin que vous aussi vous croyiez » (Jean 19, 35). C’est le témoignage irréfutable que le Seigneur est mort. Plus tard, on a essayé de le nier, échafaudé toutes sortes de théories pour prouver qu’il n’est pas réellement mort, nous savons quelles fantaisies les hommes peuvent imaginer ! Tout leur semble plus plausible que la simple vérité de Dieu. L’apôtre Jean le souligne, conduit par l’Esprit pour que nous croyions. Voilà pourquoi Dieu a permis cette dernière manifestation de la méchanceté de l’homme, mais ce sang sorti du côté percé du Seigneur n’est pas le sang dont nous parlons quand nous disons que son sang a été répandu ; il a donné son sang, sa vie, on ne lui a pas pris. En Israël, quand quelqu’un avait répandu le sang, il devait mourir et l’on disait : que son sang soit répandu. On le lapidait, on ne peut donc pas dire que le sang coulait, mais cela signifiait que sa vie était ôtée. Encore une petite remarque : quand le Seigneur a dit « c’est accompli », l’acte du soldat romain n’avait pas encore eu lieu. Le Sauveur est mort, il a donné sa vie et nous en avons ici la preuve.

Les marques des clous dans ses mains et ses pieds ainsi que son côté percé par la lance du soldat romain sont les seules traces de la méchanceté humaine qui resteront pour toute l’éternité. Tout le reste disparaîtra, il y aura un nouveau ciel et une nouvelle terre, mais les marques de ce que les hommes lui ont fait demeurent éternellement. Nous les verrons quand nous verrons le Seigneur ; pensons à ce passage d’Apocalypse 5 « au milieu du trône, un agneau se tenait là comme immolé » et les juifs qui viendront à croire regarderont vers lui comme celui qu’ils ont percé. « … quelles sont ces blessures à tes mains ? diront ceux du résidu qui croiront, et il dira : celles dont j’ai été blessé dans la maison de mes amis. » (Zach. 13)

Maintenant que le Seigneur est mort, seuls des cœurs qui l’aiment interviennent. Deux hommes ont voulu témoigner de leur amour pour le Seigneur et aussi quelques femmes qui voulaient apporter des aromates mais arrivent trop tard : Joseph d’Arimathée et Nicodème.

Voyons ce que nous disent les quatre évangélistes de Joseph d’Arimathée : dans Matthieu, c’est un homme riche, disciple de Jésus. Matthieu est l’évangéliste qui se réfère constamment aux prophéties de l’ancien testament, nous présente le Messie dont parlent les Ecritures. Par exemple en Matth.12, 18, il cite une prophétie d’Esaîe 42 « voici mon serviteur que j’ai élu, mon bien-aimé en qui mon âme a trouvé son plaisir ». Et que lisons-nous dans Esaïe 53 ? « … on lui donna son sépulcre avec les méchants mais il a été avec le riche dans sa mort, parce qu’il n’avait fait aucune violence et qu’il n’avait pas de fraude dans sa bouche. » Quelle était l’intention des juifs et des romains concernant le corps du Seigneur ? Les malfaiteurs crucifiés étaient jetés dans une fosse commune

« … il arriva un homme riche d’Arimathée, celui-ci étant allé auprès de Pilate, demanda le corps de Jésus ; alors Pilate donna l’ordre que le corps fût livré. Et Joseph, ayant pris le corps, l’enveloppa d’un linceul net et le mit dans son sépulcre neuf qu’il avait taillé dans le roc et ayant roulé une grande pierre contre la porte du sépulcre, il s’en alla. » (Matth.27, 57). Nous lisons ici à qui appartenait ce sépulcre, Il a été avec le riche dans sa mort , il n’y a que Matthieu qui en parle. Les autres évangiles parlent seulement d’un tombeau, mais pour Matthieu, il faut qu’il soit clairement établi que le serviteur de l’Eternel présenté dans ce chapitre 53 d’Esaïe est bien le Messie promis. Et le prophète nous donne la raison, il n’a pas commis d’injustice ; rien n’a pu être reproché au Seigneur, cela devait être souligné.

Dans Marc, Joseph d’Arimathée est appelé un conseiller honorable. Cet évangile nous décrit le Seigneur comme le serviteur fidèle, le prophète venu chez son peuple pour servir ; il fallait donc qu’un conseiller honorable l’enterre. Voyons-nous comment Dieu  souligne la dignité de Son Fils ?

Dans l’évangile de Luc, le Seigneur est l’Homme parfait qui a marché sur cette terre en pureté, en justice, dont le cœur était plein d’amour pour les hommes qui l’entouraient ( c’est Luc qui raconte l’histoire du fils prodige, le Bon Berger qui cherche sa brebis perdue ). Ici, Joseph d’Arimathée est un homme de bien et juste qui ensevelit le seul Homme de bien, le seul juste.

Pour Jean, où le Seigneur apparait comme Fils de Dieu, peut-on parler de toute la dignité qu’on rencontre sur la terre, d’un conseiller honorable ? Qu’est-il à côté du Fils de Dieu, un homme juste et intègre en comparaison avec le Seigneur ou un homme riche face au Dieu qui possède toutes choses ? On ne parle ni de richesse ni de position dans le monde ; il est simplement le disciple de Jésus.

Il était un disciple de Jésus, toutefois en secret est-il ajouté, par crainte des juifs. Ceci parle peut-être à nos cœurs. Quelqu’un ici est peut-être un disciple du Seigneur et désire Le suivre mais n’aime pas trop que d’autres le remarquent ; il ne s’est pas encore déclaré être son disciple. Joseph d’Arimathée montre ce qu’il est dans un moment décisif. « … il prit sur lui d’entrer auprès de Pilate et lui demanda le corps de Jésus ». Il se déclare au côté de celui que les juifs avaient crucifié comme malfaiteur, dont ils s’étaient moqué et qu’ils avaient rejeté. Il était pharisien et conseiller comme aussi Nicodème, faisait donc partie du sanhédrin, composé des anciens du peuple et des principaux qui avaient décrété que le Seigneur méritait la mort. Tous le condamnèrent, nous dit  Marc 14, 64. Ils étaient tous unanimes. Et Joseph d’Arimathée et Nicodème ? Ils n’avaient pas participé à cette réunion du sanhédrin, ils ne voulaient pas être mêlés à leur manifestation de haine contre le Seigneur. Je suis persuadé qu’ils s’étaient abstenus, car ils connaissaient leur intention de le faire mourir. Déjà plus tôt, Nicodème avait pris parti pour le Seigneur : « notre loi juge-t-elle l’homme avant de l’avoir entendu et d’avoir connu ce qu’il a fait ? Et ils répondirent et lui dirent : et toi, es-tu aussi de Galilée ? Enquiers-toi et vois qu’un prophète n’est pas suscité de Galilée. » (Jean 7, 50) En ceci, ils se trompaient, car le prophète Jonas venait de Galilée. Mais nous voyons ici leur opposition à Nicodème. Tous les deux montrent maintenant à qui appartient leur cœur.

Chers amis, si quelqu’un est disciple du Seigneur en secret, il vient un moment, et c’est peut-être maintenant, où il faut se décider et dire : mon cœur appartient au Seigneur, je désire Le suivre ; il faut se déclarer clairement devant des personnes à qui l’on n’a jamais osé le dire. C’est peut-être difficile, en tout cas, il est plus facile de le confesser directement. Quand un jeune va à l’armée et se trouve parmi ses camarades, on lui donne toujours le conseil de prier dès le premier jour, de lire la Bible pour que les autres sachent qui l’on est. Sinon, le deuxième jour, ce sera plus difficile et le troisième encore plus. C’est la même chose devant nos collègues de travail, montrons clairement à qui nous appartenons dès le début, mais il n’est jamais trop tard de témoigner.

Joseph d’Arimathée se rend auprès de Pilate pour lui demander le corps de Jésus. Nicodème aussi apporte une mixtion de myrrhe et d’aloès. Nous ne lisons pas grand-chose sur  lui ; c’était un docteur en Israël, il avait sans doute une renommée semblable à celle de Gamaliel, un des grands docteurs de la loi de l’époque aux pieds duquel l’apôtre Paul avait été. Nicodème était probablement un homme important en ce qui concerne les Ecritures. Quand il était venu de nuit au Seigneur, il avait entendu ces paroles : «  tu es le docteur d’Israël et tu ne connais pas ces choses ? » C’était une incitation à s’occuper de ces choses et il l’a fait, nous pouvons être certains qu’il a compris les paroles du Seigneur et a confessé que Jésus est le Christ de Dieu.

Il apporte une mixtion de myrrhe et d’aloès d’environ cent livres. La myrrhe nous parle de souffrances ; pour nous, ce n’est peut-être pas évident, mais pour les orientaux de l’époque, c’est un symbole clair de ce que le Seigneur a souffert : la myrrhe franche ou découlante, une image des souffrances intérieures que quelqu’un accepte de subir volontairement et la myrrhe qui coule par incision de l’arbrisseau, symbole des blessures qui lui ont été infligées, une bonne odeur s’exhalant de ses souffrances, de son obéissance. L’aloès parle de la mort. Nicodème apporte cette mixtion d’environ  cent livres, ce qui doit faire à peu près trente-trois kilos. C’était beaucoup d’argent, il était prêt à donner beaucoup, à témoigner de son amour aux yeux de tous pour honorer le Seigneur dans sa mort. Marie de Béthanie s’était assise souvent aux pieds du Seigneur et avait mieux compris ce que serait son chemin, aussi six jours avant la Pâque, elle le oignit avec un parfum de nard pur de très grande valeur. Pensons à l’estimation qu’en fait Judas : il aurait pu être vendu pour trois cents deniers, le salaire de toute une année. C’était la valeur qu’avait pour son cœur son Sauveur et elle voulait l’honorer avant qu’il ne meure. Nous voyons dans ces différentes scènes l’action de l’Esprit de Dieu qui montre à Marie, à Joseph d’Arimathée, à Nicodème  comment ils peuvent honorer le Seigneur.

Ils l’enveloppèrent de linges avec les aromates, comme les juifs ont coutume d’ensevelir. Or il y avait au lieu où il avait été crucifié un jardin et dans le jardin un sépulcre neuf dans lequel personne n’avait jamais été mis.(v. 41) Dans la Bible, il est question de trois jardins, si l’on excepte celui du Cantique des cantiques :  le premier, un jardin de délice , de joie, le jardin d’Eden où le premier Adam est tombé alors qu’il y était placé dans les meilleures conditions, mais où il a montré où son cœur le conduisait : la désobéissance. Le second, c’est le jardin de Gethsémané : là, nous voyons le second homme, le dernier Adam en proie à la plus grande détresse, mais prêt à accomplir jusqu’au bout la volonté de Dieu. Ici, nous avons un troisième jardin  où règne la paix : le Seigneur y meurt et ressuscite, c’est pour cette raison que nous n’y voyons que paix, car si la mort et la résurrection du Seigneur n’avait pas eu lieu, il n’y aurait aucune paix, aucun repos possible sur cette terre.

C’était un sépulcre neuf dans lequel personne n’avait jamais été mis. Déjà dans l’ancien testament, le Psaume 16 y faisait allusion : « tu n’abandonneras pas mon âme au shéol, tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption ». Ce verset est cité dans le nouveau testament, Dieu ne permet pas que son Saint ou homme pieux qui craint Dieu connaisse la corruption, belle expression pour désigner le Fils de Dieu. Il n’a pas connu la corruption à deux points de vue : le corps du Seigneur ne pouvait la connaître comme celui des autres hommes et son corps n’a pas non plus été en contact avec la corruption, car c’était un sépulcre neuf. Il n’y avait aucune odeur de mort, ce qui était  normal dans ces sépulcres uitilisés plusieurs fois. Mais Dieu veillait, il fallait que ce soit un sépulcre neuf.

Ils mirent Jésus là parce que le sépulcre était proche. Plusieurs raisons sont citées : il était proche, il appartenait à Joseph d’Arimathée. Mais  chaque fois, il est question du corps du Seigneur, déjà au verset 38, « il ôta le corps de Jésus », et non pas de dépouille,  comme c’est le cas pour les autres hommes. La parole de Dieu est précise : un cadavre connait la corruption. Quand le Seigneur se tient au tombeau de Lazare, Marthe dit « il sent déjà ». Ici, c’est le corps de Jésus ou dans le dernier verset [42] Jésus.

Certains  pensent que le corps n’est rien, pourtant, il a une signification pour Dieu : c’est dans ce corps que nous avons connu le Sauveur, que nous l’avons servi selon les occasions qu’il nous a données, notre cœur a battu pour lui, notre tête a pensé à lui,  comment faire ce qui lui plait et un tel corps ne serait rien ?

Le Seigneur a passé tout le sabbat dans la tombe : le premier jour, la préparation du sabbat selon la façon de compter des juifs, puis toute la journée du sabbat. Ensuite, tôt le matin du troisième jour, il est ressuscité.

Le début du chapitre 20 nous présente Marie de Magdala, une femme dont le Seigneur avait chassé sept démons et qui l’aimait parce qu’il était son Sauveur. Puis nous voyons deux disciples, Pierre et Jean. Ce dernier se nomme toujours le disciple que Jésus aimait . Cette expression indique quelque chose de très précieux : l’amour du Seigneur est le plus grand, le plus important, notre amour pour lui n’en est que la conséquence.

D’autres évangiles citent aussi d’autres femmes qui avaient accompagné Marie de Magdala : Jeanne, Marie, la mère de Jacques et Salomé, des femmes dont nous lisons qu’elles servaient le Seigneur avec leurs biens. Certaines se tenaient au pied de la croix et avaient regardé où l’on déposait le corps du Seigneur. Elles viennent au sépulcre de fort grand matin avec les aromates qu’elles avaient préparés, se demandant comment elles pourraient rouler la pierre de devant la porte du sépulcre. (Marc 16) Elles sont bien étonnées de voir la pierre roulée et courent le dire aux disciples, puis retournent chez elles. Mais Marie retourne au sépulcre, elle ne peut être tranquille, ne comprenant pas ce qui s’est passé. L’amour a parfois de telles réactions, elle se tient dehors près du sépulcre et pleure.

Entretemps, les deux disciples, Simon Pierre et Jean viennent constater ce que les femmes leur ont raconté, tous deux voulaient voir ce qui s’était passé. Mais Jean court plus vite que Pierre. Pourquoi ? Pierre avait quelque chose qui l’occupait intérieurement et le freinait, lui qui était toujours le premier, le plus énergique ; il avait renié le Seigneur trois fois, la dernière avec imprécations « je ne connais pas cet homme ! ». Le regard du Seigneur avait touché son cœur et il pleura amèrement, mais il n’avait plus la possibilité de parler au Seigneur et de reconnaître sa faute.

Le sépulcre est ouvert, un ange était descendu et avait roulé la pierre, non pas pour que le Seigneur sorte du tombeau (plus tard, le Seigneur apparait aux disciples réunis dans la chambre haute, les portes étant fermées par crainte des juifs), Mais cette pierre constituait un obstacle pour Marie de Magdala, pour les disciples. Il fallait qu’ils puissent constater que le Seigneur était ressuscité, qu’ils voient que les linges étaient pliés, tout était dans un ordre parfait ; il n’y avait donc pas eu de gens qui auraient dérobé son corps comme les juifs l’avaient suggéré à Pilate pour qu’il mette une garde parce qu’il avait dit qu’il ressusciterait. C’était donc la preuve qu’il était réellement ressuscité. On voit que toutes les ruses de l’homme ne peuvent rien contre la sagesse de Dieu.

Pourquoi n’avons-nous pas la description de la façon dont s’est déroulée la résurrection , comme l’aurait fait un homme d’un fait aussi extraordinaire ? Nous n’aurions pas pu le supporter, une telle puissance est intervenue qu’elle est inconcevable pour nous . Dieu ne nous en donne pas de description mais nous montre les résultats : le Seigneur apparaissant aux siens, leur montrant ses mains et son côté percés. Ils sont ceux qui l’ont vu et tous ces témoignages concordent.

Marie se tient dehors près du sépulcre et pleure ; aux anges qui lui demandent pourquoi, elle répond : « … parce qu’on a enlevé mon Seigneur et je ne sais où on l’a mis ». Elle exprime sa tristesse de ce que le corps a disparu, pas un instant, elle ne pense qu’il ait pu ressusciter. Ce qu’elle exprime n’est pas clair, sa tristesse, comme pour nous aussi, l’empêche de voir les choses clairement. Elle se retourne et voit quelqu’un qui connait tout d’elle, qui a vu ses larmes depuis longtemps, mais ses larmes obscurcissent son regard pour reconnaître le Seigneur. Il s’adresse à elle avec les mêmes mots que les anges : « Femme, pourquoi pleures-tu ? qui cherches-tu ? ». Par cette deuxième question, il met le doigt sur ce qui préoccupe son cœur, qu’il s’agit d’une personne. Elle répond alors : « si toi tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis et moi je l’ôterai » (v. 15) Elle ne dit pas qui, ses pensées sont tellement occupées de la personne du Seigneur qu’elle ne réalise pas qu’il faut qu’elle précise de qui il s’agit, pour elle, il n’y en a qu’une pour qui son cœur bat. Alors, le Seigneur se donne à connaître en disant : « Marie ». Nous connaissons ce verset « je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi » ; dès qu’il l’appelle par son nom, Marie sait immédiatement qui se trouve devant elle : son Seigneur !, ce qu’elle exprime par ce mot « Rabboni » c’est-à-dire maître, celui qui a toute autorité. Rabboni a un sens plus fort que Rabbi qui signifie aussi maître qui enseigne, donc celui qui indiquait comment il fallait agir. Je voudrais faire ici une petite remarque parce que des pensées étranges sont répandues dans le monde, notamment dans ce film qui présente Marie comme ayant d’autres sentiments dans son cœur pour le Seigneur. Je veux le souligner : elle reconnait par cette expression celui qui est son Sauveur qui l’a délivré des démons, l’a mise en rapport avec Dieu, son Seigneur et ce n’est que de ce côté dont il s’agit dans sa relation avec le Seigneur.

Au verset 17, le Seigneur lui confie une mission : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père ; mais va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu. » Dans l’évangile de Matthieu, nous lisons que le seigneur a rencontré les femmes qui étaient venues au sépulcre et elles, s’approchant de lui saisirent ses pieds et lui rendirent hommage. (Matt. 28, 9) Le Seigneur ne les empêche pas.

Il est remarquable de voir comme l’Ecriture est précise, tout est absolument à sa place : les femmes dans Matthieu 28 sont une image de l’Israël futur qui recevra son Messie ; en le recevant par la foi, ils se jetteront à ses pieds et lui rendront hommage ; le Seigneur sera au milieu d’eux et règnera sur eux. Dans Jean, par contre, c’est un autre aspect qui est présenté : « va vers mes frères » : il s’agit d’une autre relation, ce n’est pas celle du Messie avec son peuple, mais des relations des croyants de la période de la grâce avec Dieu, le Père, de l’assemblée qui n’a pas encore commencé ici avec le Seigneur. Dans ce contexte, il lui dit : « ne me touche pas , car je ne suis pas encore monté vers mon Père ». Dis à mes frères qu’ils ont une part céleste, il ne s’agit plus de l’avoir ici sur cette terre. Par Marie de Magdala, les disciples apprennent leur nouvelle relation : nous sommes devenus enfants de Dieu, le Seigneur nous nomme ses frères. Auparavant, cela n’existait pas. Nous ne le trouvons qu’une seule fois dans l’ancien testament, dans le psaume 89 qui est une prophétie concernant le Messie « lui me criera : tu es mon père, mon Dieu » (v.26). Mais dans la période de la grâce pendant laquelle le Seigneur est rejeté, tandis qu’il est au ciel, il y en a qui peuvent appeler Dieu leur Père, à cause de son œuvre à la croix.

Au début de ces méditations, nous avons considéré le Seigneur dans ses dernières heures tout seul devant ses ennemis, abandonné des hommes car tous se sont enfuis, « mes amis et compagnons, tu les as éloignés de moi » et même abandonné de Dieu pendant les trois heures sombres. Mais ici, le jour de sa résurrection, il n’est plus seul : ses disciples, il les appelle ses frères et leur révèle le nom du Père dont il leur avait déjà parlé auparavant, mais ils ne pouvaient pas le comprendre alors tandis que maintenant, ils peuvent jouir de l’amour du Père et du Seigneur. Bien-aimés, nous aussi nous pouvons nous attribuer cette part personnellement ; nous appartenons à ce Seigneur, nous sommes étroitement liés à lui, il est notre Sauveur et Seigneur et nous nomme ses frères, il nous a mis en relation avec son Père. Il est maintenant dans la gloire du ciel, dans la maison du Père ; nous sommes liés à lui,  nous sommes donc célestes, notre patrie, c’est la maison du Père dans laquelle nous pouvons déjà entrer par la foi. Nous y contemplerons le Seigneur, Fils de l’homme et Fils de Dieu et verrons aussi la gloire du Père, c’est devenu possible parce que le Seigneur comme homme nous associe « mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu ».

« Père, je veux, quant à ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, que tu m’as donnée ; car tu m’as aimé avant la fondation du monde. » (Jean 17,24) Quelle place nous est accordée ! Pourquoi est-il dit « tu m’as aimé avant la fondation du monde » ? C’est en rapport avec la gloire que nous verrons, nous contemplerons cet amour éternel du Père pour le Fils et du Fils pour le Père, un amour tellement grand, tellement parfait et nous serons rassasiés. Maintenant, nous pouvons déjà être reconnaissants de ce que nous avons cette part dans la maison du Père.